TERRAINS DE FOOTBALL ANGEVINS : EAU SECOURS !

Après des années 2022 et 2023 arides, les acteurs du football à Angers,
amateurs comme professionnels, doivent s’adapter aux restrictions d’eau qui en découlent.
Zoom sur ces héros de l’ombre et leurs réflexions liant le dérèglement climatique à l’entretien des terrains angevins.

Les sécheresses répétées de ces dernières années ont vu une réglementation précise se mettre en place. Quatres niveaux de restrictions existent : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise, en fonction du niveau des cours d'eau alentour. “À partir du niveau alerte, il est interdit d’arroser en journée, cela devient une interdiction totale au passage à l’alerte renforcée” complète Julien Dugué, chef du service eau, environnement et biodiversité à la DDT de Maine-et-Loire. En théorie, clubs professionnels et amateurs sont mis sur le même pied d’égalité. Dans les faits, “les clubs professionnels sont dans l’exercice de leur profession et obtiennent des dérogations dans le cadre de l’exercice de leur métier” nous précise Didier Esor, président de la Ligue de Football des Pays de la Loire. 

Si la nécessité de changer les choses fait consensus sur le fond, la forme diverge. Du côté institutionnel, la solution semble toute trouvée : les surfaces synthétiques, idéales pour leurs utilisations sur la durée.

Une fois installés, ces terrains peuvent accueillir “jusqu’à 50 heures de jeu par semaine, contre 4 à 8 heures pour les terrains en herbe” précise l’élu angevin, Charles Diers, adjoint aux sports de la Ville d’Angers. Mais surtout, ils n’ont des besoins en eau uniquement à partir de 30°C. “Ma position aujourd’hui, c’est donc de dire aux clubs (...) qu’il faudrait tout de même passer à ce type de terrain-là” explique Didier Esor, en parlant du synthétique.

Mais cette surface possède ses limites. Interdit au niveau professionnel, le synthétique modifie la façon de jouer, pour Valentin Deudon, auteur de Miettes Footballistiques : “j’ai l'impression de jouer sur quelque chose de faux, de jouer sur du plastique. Cela dénature le rapport au jeu, au contact”. Les billes de plastique, utilisées actuellement, en plus d’être abrasives pour la peau, sont cancérigènes et polluantes. La commission européenne a même interdit l’usage de ces billes issues du caoutchouc, d’ici 8 ans.

De nouveaux matériaux arrivent sur le marché, comme des billes à base de résidus de noyaux d’olive, de maïs ou de liège, plus respectueux de l’environnement. Affaire à suivre…

Les granulés noirs, issus du recyclage de pneus, s'entassent sur le Stade André Bertin de la NDC d'Angers.

Les granulés noirs, issus du recyclage de pneus, s'entassent sur le Stade André Bertin de la NDC d'Angers.

Jonchant les synthétiques angevins, ces résidus restent cancérigènes et brûlent les peaux des footballeurs et footballeuses.

Jonchant les synthétiques angevins, ces résidus restent cancérigènes et brûlent les peaux des footballeurs et footballeuses.

Les noyaux d'olives broyés proposent une alternative éco-responsable aux billes de caoutchouc.

Les noyaux d'olives broyés proposent une alternative éco-responsable aux billes de caoutchouc.

Julien Vincent indique que son herbe semble en bon état au vu des racines légèrement roses qui transparaissent.

Julien Vincent indique que son herbe semble en bon état au vu des racines légèrement roses qui transparaissent.

Pelle à la main, ni une, ni deux, il creuse un carré de terrain et nous montre fièrement les diffèrentes couches sous sa pelouse parfaite.

Pelle à la main, ni une, ni deux, il creuse un carré de terrain et nous montre fièrement les diffèrentes couches sous sa pelouse parfaite.

Après plusieurs fausses routes du GPS, nous faisons enfin la connaissance de Julien Vincent, responsable des services des sports de la commune de Verrières-en-Anjou, où le FC Pellouailles-Corzé dispose du complexe sportif René Boublin. Il nous reçoit, vêtu de sa cotte orange fluo, plongé dans l'observation de sa pelouse.

Il nous donne un exemple de changement évoqué ces derniers mois : Terminer la saison fin juin pour reprendre dès mi-août permettrait de faire une trêve de deux mois en décembre-janvier. Cela laisserait la possibilité d’effectuer les opérations mécaniques (sablage, regarnissage…) l’hiver”. Habituellement réalisés en été, ces travaux sont plus adaptés à la fraîcheur, le gazon fraîchement semé risquant de griller avec la chaleur. Pour éviter cela, il faut donc l’arroser abondamment. Or, cette mise en place semble impossible, éclaircit Didier Esor : “Nos saisons sont liées à l’activité économique. Nous avons une activité touristique très importante”. 

Pour répondre au problème, la ville de Verrières-en-Anjou, a mis en place, il y a quelques années, une cuve stockant l’eau de pluie. Financé de moitié par les subventions des collectivités territoriales, ce système permet d’être quasiment autonome en terme de consommation d’eau. Il s’agit même d’une nécessité, au vu de leur terrain de football, en mâchefer-pouzzolane, extrêmement absorbant.

A titre d’exemple, cela leur a permis de n’utiliser, sur la totalité de l’été dernier, seulement 4m3 du réseau d’eau potable de la commune, soit l’équivalent des besoins d’une journée sous 30 degrés.

Toutefois, ce dispositif est onéreuxet imparfait : “Utiliser de l’eau de pluie en arrosage automatique ce n’est pas si facile que ça. Il suffit qu’il y ait une bactérie et on la répand sur tout le terrain résume Samuel Poilane, responsable des espaces verts sportifs de la ville d’Angers.

Nous le retrouvons au Stade André Bertin, afin qu’il détaille les méthodes entreprises à la Notre Dame des Champs Angers, club de Régional 2, et plus largement, sur tous les terrains angevins. 

C’est au tour de Thibaud Arnaud, responsable de la pelouse du SCO d’Angers, club professionnel évoluant en Ligue 2, de nous rencontrer, après une nouvelle victoire des noirs et blancs.

Il nous loue l'utilisation d’agents mouillants, dont “les résultats sont très satisfaisants. Les caractéristiques de ce produit liquide sont d’améliorer la pénétration de l’eau et la répartition de l’eau dans le sol”. Le club a également modifié la composition de la pelouse, en y intégrant de la fibre synthétique. Invisible à l'œil nu, cet ajout permet d’améliorer la résistance de la pelouse. 

La difficulté de concilier gestion de l’eau, pelouses de qualité et confort de jeu reste donc un débat d’actualité, malgré l’urgence de la situation. À cela, s’emmêle d’autres enjeux écologiques, comme la préservation de la flore angevine. Comme le rappelle l’ex-joueur du SCO, Charles Diers, “les produits phytosanitaires sont interdits pour les collectivités depuis 2017.” Au stade Raymond Kopa, comme ailleurs, il est donc nécessaire de “trouver des alternatives aux produits fongicides pour lutter contre les champignons, de plus en plus présents sur nos pelouses” ajoute Thibaud Arnaud.

Un défi de plus, donc, pour Angers et ses gazons.

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