Le Sport pour tous : Angers s'adapte !

Nous sommes le 11 décembre 2023 et nous estimons que tous les publics méritent de pratiquer un sport, qu’ils soient valides, en situation de handicap physique ou encore déficients mentaux et psychiques. Aujourd'hui nous désirons mettre en lumière une pratique sportive souvent dans l’ombre du Handisport, le sport adapté. Il est dédié aux personnes qui présentent un handicap mental ou psychique.

Depuis toujours, le sport adapté n'est pas autant reconnu que la pratique du Handisport, les Jeux Paralympiques le montrent bien. Ces sportifs représentaient moins de 5% à Tokyo. Ils n’étaient par exemple que 6 sur 138 membres de la délégation française ...

Aymeric Gigon est Responsable de la formation "Activité Physique Adaptée et Santé" à l'IFEPSA

Nos 6 Français présents à Tokyo en 2021

Gael Geffroy, Para Athlétisme

Nathan Maillet, Para Natation

Gloria Agblemagnon, Para Athlétisme

Charles-Antoine Kouakou, Para Athlétisme et champion olympique à Tokyo

Léa Ferney, Para Tennis de Table et vice-championne olympique à Tokyo

Lucas Créange, Para Tennis de Table et médaille de bronze à Tokyo

CHAPITRE 1 : Le sport adapté en Maine et Loire

Au niveau national, le sport adapté est porté par la Fédération Nationale du Sport Adapté (FFSA) depuis 1971. A échelle plus précise, ce sont aux comités régionaux et départementaux de prendre le relais. Ici, c’est le Comité Départemental du Sport Adapté 49 (CDSA) qui assure l’organisation, le développement, le contrôle et la coordination de la pratique sportive pour ce public.

Ils nous expliquent qu’ils sont le lien entre la FFSA, la Ligue et les associations du Département. En effet, pour rendre la pratique accessible, il faut que des sections de sport adapté ouvrent dans les différents clubs du département. Cela passe alors par des actions de sensibilisation mais aussi beaucoup par de la formation. Les organisations y prenant part apprennent comment accueillir les publics en question et à mettre en place la pratique. Les clubs sont alors étroitement liés avec le Comité de par son accompagnement, que cela soit au lancement ou tout au long de la vie de la section.

En Maine et Loire, la pratique du sport adapté est bien développée. Cela est dû aux moyens humains et financiers mis à disposition par le CDSA 49 mais aussi grâce à un autre tremplin… Effectivement, le Comité et Aymeric Gigon sont parfaitement conscients de l’essor que donne la présence de l’IFEPSA, aux Ponts-de-Cé, dans le développement du sport adapté. Plus précisément, c’est le parcours “Activité Physique Adaptée et Santé” (APAS) qui permet cette stimulation, puisque les étudiants sont fortement engagés dans l’encadrement des sections.

Organisations Angevines proposant une section de sport adapté

Comité Départemental du Sport Adapté

Créé en 1992, le Comité Départemental du Sport Adapté du Maine et Loire assure l’organisation, le développement, le contrôle et la coordination de la pratique sportive pour les personnes déficientes intellectuelles et mentales ou atteintes de troubles psychiques dans la département.

Adresse : 7 Rue Pierre de Coubertin, 49130 Les Ponts-de-Cé

Contact : 02 41 79 49 81

Association Espérance

Association créée en 1976, elle a pour but de promouvoir les activités sportives, les loisirs, l'accès à la culture et aux vacances pour les personnes avec un handicap intellectuel et une pathologie psychique, ou encore les personnes en situation d'exclusion.

Adresse : 90 Rue de la Croix Blanche, 49100 Angers

Contact : 02 41 60 34 85

La Croix Blanche

Club de football angevin

Adresse : 10 rue Guillaume Lekeu
49100 Angers

Contact : 02 41 60 31 76

Equipe de foot adapté : En 2022, un partenariat a vu le jour avec l'association Espérance, afin de créer une section de football adapté. Une discipline qui se pratique par équipes de 7, et abrite différentes catégories selon les types de handicap.

ESCA'L - ADAPEI 49

Depuis 2011, l’ESCA’L est un service de loisirs, sports, et culture de l’ADAPEI 49.

Adresse : La Cité, 58 Boul. du Doyenné, 49100 Angers

Contact : 02 41 22 06 70

Équipe Futsal Adapté ESCA'L : Groupe de copains de l'IME Europe qui a commencé à venir au Futsal. Puis au fur et à mesure, l'équipe s'est agrandie et participe aux compétitions.

Judo Club Saint Barthelemy d’Anjou

Club de Judo, Ju-Jitsu, Ne-Waza et Taïso.

Adresse : Salle de La Gemmetrie, Rue de la Gemmetrie, 49124 Saint-Barthélemy-d'Anjou

Contact : contact@judo-st-barth.fr

Judo Adapté : Existant depuis 2012, ce cours pour judokas avec une déficience mentale est encadré par David Gelineau. Le club dispose d’un créneaux d’une heure par semaine avec 7 licenciés.

AAEEC Ponts-de-Cé
(Tennis de table)

l'Amicale des Anciens Elèves de l'Ecole Communale des Ponts-de-Cé comporte un club de tennis de table, qui dispense un créneau de sport adapté le jeudi soir.

Adresse : All. de la Lande, 49130 Les Ponts-de-Cé

Contact : O2 41 79 27 84

CHAPITRE 2 : De sport à sport adapté

"J'estime que tous les publics devraient avoir le droit de pratiquer une activité sportive dans un club ".

Valentin Rey

Reid Moore

Theresa Green

Sandy Overshot

Sandy Overshot

Sandy Overshot

Reid Moore

Theresa Green

Sandy Overshot

Sandy Overshot

Sandy Overshot

Valentin gère depuis 3 ans l’équipe de football adapté en partenariat avec l’association Espérance. Cette pratique oblige de mettre en place de nombreuses adaptations afin de permettre la meilleure expérience pour les pratiquants. De nouvelles règles, un suivi personnel et des entrainements différents sont les principales mesures prises par les encadrants.

Une équipe rigoureuse et passionnée

A la croix blanche, Valentin est accompagné de Jean Vifrollet, et d'étudiants de l’IFEPSA en stage, pour entraîner la jeune section de foot adapté. Si habituellement les entraînements se font par catégories, en fonction de l’âge, dans les clubs de football, ici, adultes, adolescents et enfants se retrouvent ensemble. Les joueurs sont répartis en groupes pour les ateliers selon leur niveau d’autonomie. Le groupe avec des pathologies plus lourdes et donc une autonomie moindre va être géré par plusieurs éducateurs. Selon l’exercice, les joueurs avec une pathologie plus importante sont même pris en charge individuellement.

Des étudiants déjà très engagés

Paul Garcia, étudiant STAPS APAS à l’IFEPSA, encadre le ping-pong à l’AAEEC pour son stage associatif. Il témoigne des points sur lesquels il s'appuie pour encadrer les séances.

Un aspect compétitif

Si l’équipe de La Croix Blanche est récente et en pleine progression, l’équipe futsal de L’ESCA’L, elle, existe depuis plusieurs années déjà et est même compétitive. Les joueurs du groupe 1, groupe le plus expérimenté, s'entraînent le mardi soir et sont encadrés par Agathe Beaulieu. A l’aide de jeunes en service civique, elle travaille à améliorer l’équipe, tant sur leur niveau que sur leur entente et leur cohésion.  Après le Championnat Régional de para-futsal-adapté à St Nazaire les 25 et 26 novembre, Agathe et ses joueurs ont fait un bilan sur les points forts et les points à améliorer. Ils ont relevé notamment un manque de communication et de cohésion. Les séances suivantes ont donc été axées sur des exercices alliant travail de passes, de tirs et de communication. Par exemple, pour qu’un but soit validé, tous les joueurs de l’équipe devaient toucher le ballon. Puis afin de travailler sur le placement, tous les joueurs devaient avoir franchi la ligne médiane du terrain pour que le but soit accordé.

Des vrais gagnants

Mais le futsal n'est pas le seul sport à faire profiter de la compétition à ses sportifs atteints de déficience intellectuelle. A côté d'Angers, au complexe sportif des Ponts-de-Cé, s'entraînent tous les jeudis soirs des pongistes en situation de handicap mental ou psychique grâce à l'AAEEC. Parmi eux, certains ont l'occasion de jouer en compétition. C'est le cas de Valérie Godineau (à droite) qui fait la renommée du club depuis 14 ans ; preuve à l'appui : elle a remporté pas moins de "23 médailles, 3 coupes et 1 trophée". La ponts-de-céaise est épileptique, ce qui ne l'empêche en aucun cas d'affronter des joueurs valides.
Elle explique qu'elle compte bien ne pas être la seule à faire gonfler le palmarès de l'association, les autres joueurs ont alors la chance de profiter de son expérience et de ses conseils

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CHAPITRE 3 : Un facteur d'intégration sociale

Le sourire sur les visages

Le sport est essentiel pour les personnes ayant un handicap mental ou psychique, souvent très isolées ou renfermées dans un microcosme. Avec l’apparition de compétitions ou la création de sections adaptées dans des associations sportives, ils sont inclus en tant que sportifs par la participation aux tournois et aux festivités de l’association. Le sport permet de les aider à s’insérer dans la société et leur permet d’être eux-mêmes et de faire ce qu’ils aiment. Au-delà de l’intégration, il est aussi facteur de santé et de bien-être.

Un beau moment de partage et de communion entre les joueurs, les familles et les spectateurs. De plus, des personnalités angevines comme Charles Diers, Pierrick Capelle, Arnold Bouka-Moutou, Délis Ahou, Thierry Boisseau, Brito De Sousa ou encore Pierre Chevreux ont fait l’honneur d’être présents pour cet événement.

Mais qui se termine tout de même par une séance de penaltys pour rester dans l'esprit compétitif.

Entre intégration et compétition

Si le sport leur permet de faire des rencontres, de vivre des moments uniques et d’être avec des personnes qui n'ont pas de handicap, il leur permet aussi de se surpasser en participant à des compétitions.

Chaque année, l'équipe de Futsal Adapté de l’ESCA’L participe aux compétitions régionales. Ils organisent la dernière journée à Angers le 16 décembre, qui est importante car elle détermine le classement final. Puis ils organisent les Championnats de France pour la première fois sur Angers au mois de janvier. C'est un gros objectif pour l'équipe 1. L’année dernière, elle a terminé 13e sur 19 donc désormais, objectif top 10, nous dit Agathe Beaulieu. Elle espère qu’il y aura un peu plus de public mais ce n’est pas l'objectif premier. 

On veut organiser un bel événement sportif, en tout cas de sport adapté”, nous explique-t-elle.

Interview de François, joueur de l'équipe de futsal adapté de l'ESCA'L

Des compétitions qui favorisent l'inclusion

Au Judo Club Saint Barthelemy d’Anjou, les judokas pratiquent leur sport autour des mêmes valeurs, qu’ils soient enfants, adultes, valides ou déficients : celles du code moral du Judo. Cet art martial japonais permet aux 7 licenciés du cours de Judo Adapté d’avoir des contacts avec d’autres judokas adaptés et valides, les membres du bureau, ou encore les judokas d’autres clubs lors des compétitions. En effet, ils participent chaque saison aux Championnats Départementaux, Régionaux et/ou Interrégionaux. Et quasiment chaque année, certains de ces compétiteurs se qualifient aux Championnats de France de Judo Adapté. Des événements durant lesquels "ils se surpassent et rencontrent de nombreux autres sportifs", nous précise Eric Hardouin.

Encore quelques obstacles ?

Moyens financiers

Les ressources économiques mises à disposition, bien qu'en constante évolution, peuvent être un frein au développement du sport adapté. En effet, c'est ce que rapportent le Comité mais aussi de nombreux encadrants de divers disciplines.

Moyens matériels

Jean-Luc Chanteux, Président de l'AAEEC des Ponts-de-Cé met en évidence un certain manque de dispositifs particuliers. Plus concrètement, faute de moyens de transports, il s'adonne à raccompagner plusieurs de ses adhérents à leurs domiciles après les séances de tennis de table adapté.

Mise en lumière

Le responsable de la formation APAS à l'IFEPSA, Aymeric Gigon, met le doigt sur une faiblesse qui touche le monde du sport adapté. Contrairement aux sportifs valides et désormais aux para-athlètes, très peu d'entre nous ne connaissent d'athlètes atteints de déficience intellectuelle. Un réel manque à combler qui ne permet pas, par exemple, de processus d'identification chez les jeunes.

Un Manque de sensibilisation

Eric Hardouin, Président du Judo Club de St Barthelemy, explique son ressenti : “lors de compétitions handisports et que ces compétiteurs font des résultats, beaucoup se déplacent vers eux (elles) pour les féliciter. Pour des mêmes résultats réalisés par des sportifs à déficience mentale, il n’y a pas ce même engouement. Ceci est complètement anormal. Je suppose que cela est lié à l’image (fausse) qui est véhiculée par le handicap mental et à la quasi absence de reportage ou retransmission télévisuelle des compétitions liées au handicap mental.”

Malgré ces obstacles qui subsistent, le sport adapté est encore jeune. Ce sont par des actions menées telles que sur le territoire angevin qu'il va se développer et trouver sa place dans l'écosystème sportif. Peut-être pouvons-nous compter sur les Jeux de Paris en 2024 pour donner un nouvel essor au sport adapté en France ?